« Le diable est dans les détails ». Et encore, quand il l’a dit, Nietzsche ne connaissait pas les entreprises du XXIème siècle ! Qui d’entre nous n’a jamais été confronté au grain de sable qui avait échappé à tout le monde et a bloqué les rouages d’une superbe idée ! Il suffit de poser la question à notre ami Google, il nous répond avec force arguments que pour réussir, il vaut mieux exécuter de manière excellente une idée moyenne que d’exécuter de manière moyenne une idée exceptionnelle. Pour garantir le succès des projets menés par nos collaborateurs, la solution serait elle dans le micro-management, ce qui nous permettrait de débusquer les petits diables malfaisants qu’ils auraient laissé passer ?

De Charybde en Scylla

Pas sûr. Le micro-management peut, certes, avoir des « effets bénéfiques » :

  • Il peut constituer un remède efficace pour atténuer les symptômes de l’anxiété de certains managers.
  • Il peut également, par chance, permettre de désamorcer un ou deux détails potentiellement « diaboliques »

Mais le remède est souvent pire que le mal.

Le micro-management est une manière très efficace de perdre de l’efficacité de différentes manières :

  • Les collaborateurs les moins confiants dans leur propre valeur voient une confirmation de leurs doutes dans le mode de management de leur patron. Ils finissent par lui donner raison en multipliant les erreurs qui renforcent leur image négative à ses yeux
  • Les moins impliqués concluent qu’il est inutile de « se prendre la tête » pour faire leur travail puisque leur patron repassera forcément derrière eux, donc autant lui laisser de quoi s’occuper
  • Les plus en conflit ont tout loisir d’interpréter que leur patron cherche la faute pour les licencier, ils préparent leur contrattaque, ce qui n’arrange pas leur capacité à coopérer ni le climat général
  • Les plus soumis y voient une confirmation que leur patron leur demande de l’obéissance, ce qui les éloigne encore un peu plus de l’initiative et de la prise de responsabilité
  • Les meilleurs … en tirent les conséquences, et mettent à jour leur profil à jour sur LinkedIn !!!

Alors, quoi faire ?

Existe-t-il une fatalité de passer du diable des détails à la spirale infernale du micro-management ?

Quelques pistes à explorer :

  • S’intéresser aux producteurs plutôt que de se focaliser sur ce qu’ils produisent
  • S’attacher à diriger les personnes sur la manière ils procèdent pour générer un résultat plutôt que de se focaliser sur le résultat final qui n’est qu’une conséquence
  • Prendre en compte le fait que ladite « manière » ne se résume pas à la compétence et aux processus de travail mais inclut également, voire d’abord, les comportements

Manager nos collaborateurs sur leurs comportements professionnels pour fiabiliser  la qualité de leur production semble plus efficace que de vérifier s’ils n’ont pas oublié de numéroter les pages de leur présentation PowerPoint …